mardi 25 décembre 2007

Notre Dame des Landes et le Grenelle : mon courrier à Ouest France

Un Grenelle pour du beurre ?

Aussitôt, les décisions du Grenelle de l’environnement sorties, des voix s’élèvent pour affirmer que le projet de Notre Dame des Landes n’est pas concerné ! Cette précipitation témoigne d’une certaine inquiétude, pour ne pas dire affolement. En effet, si le Grenelle ne débouche pas sur une remise à plat (au minimum) du projet de nouvel aéroport nantais, quel crédit accorder aux décisions qui en sont sorties ?

Nathalie Kosciusko-Morizet a raison : tout commence maintenant ! Au niveau européen, on a souvent vu des orientations majeures déboucher sur presque rien au final, après l’intervention musclée des lobbies… La directive REACH concernant la mise sur le marché de molécules chimiques en est un triste exemple : elle a été presque totalement vidée de sa substance.

En quoi le projet de nouvel aéroport nantais serait-il une exception à la décision d’arrêter d’augmenter les capacités aéroportuaires en France ? Ce projet, calamiteux sur pratiquement tous les thèmes traités par le Grenelle (réchauffement climatique, étalement urbain, biodiversité, énergie, agriculture, démocratie…) est, au contraire, quasiment un « cas d’école » ! En construisant un nouvel aéroport, on augmenterait la capacité aéroportuaire puisque Nantes Atlantique resterait en fonction pour EADS et que le nouvel aéroport est prévu avec deux pistes au lieu d’une. En construisant ce nouvel aéroport, on détruirait 2000 hectares de terre, une zone de biodiversité exceptionnelle, et le plus grand bassin laitier du département (80 exploitations agricoles touchées). On augmenterait le volume des déplacements routiers, en particulier des salariés habitant le sud Loire. Etc, etc.

Nantes Atlantique est un aéroport de faible trafic, comme en témoigne Ryanair qui a choisi de s’y installer pour cette raison. Il n’est absolument pas saturé et ne le sera jamais. La seule saturation est celle des parkings : prolongeons la ligne de tramway de 2 km et celui-ci arrive à l’aéroport, aménageons la voie ferrée qui traverse les parkings et le train y arrive aussi.

Oui les avions survolent l’agglomération nantaise. Mais il n’est pas besoin de construire un nouvel aéroport pour régler le problème. Des solutions existent… et aucune n’a été étudiée !
- transférer les vols vers Roissy et Lyon sur le TGV (recommandé par le Grenelle) : ce sera chaque année 25 % de passagers et 30 % de mouvements en moins ! On retomberait à 1,6 million de passagers et 24 600 mouvements, soit une moyenne de 4 mouvements par heure (6 aujourd’hui) ;
- transférer les vols vacances vers des aéroports voisins (c’est le tiers des passagers… et 7 % des mouvements en moins) ;
- réaménager Nantes Atlantique par une seule et unique piste orientée Est-Ouest, remplaçant et croisant la piste actuelle dans sa partie sud. Cette solution supprimerait totalement le survol de Nantes. Elle est réalisable, les PLU actuels l’autorisent et aucun argument solide n’a pu la contrer. Ceux qui ont dénigré cette proposition l’ont au préalable transformée pour pouvoir le faire.

Autour de Nantes comme dans de très nombreux lieux, des citoyens se mobilisent pour sauver la terre (aux deux sens du terme). Les logiques anciennes du toujours plus d’exploitation, du toujours plus de destruction de la terre, du toujours plus de gaspillage doivent céder devant les exigences environnementales. Ceux qui continuent à soutenir ces logiques anciennes n’ont pas conscience qu’à l’avenir, le pétrole étant devenu rare et beaucoup plus cher, il nous faudra re-localiser les activités économiques, l’agriculture sera différente, proche des villes et, je le souhaite, respectueuse de la nature.

(publié dans Nantes forum, Ouest France, nov 2007)