jeudi 10 janvier 2008

Le regard de la candidate sur notre système économique

(extrait d'une lettre adressée à Télérama)
Le véritable ennemi des pays occidentaux

J’ai lu avec intérêt les positions d’intellectuels disant non à la guerre contre l’Irak. J’ai pourtant été étonnée de certains propos comme « le véritable ennemi des pays occidentaux c’est le terrorisme international ». Pour moi, notre véritable ennemi, c’est le système économique que nous avons créé et imposé à la planète. Notre système économique ne jure que par le profit, il est à l’origine de l’injustice majeure qui règne désormais sur le monde où 80 % de l’humanité vit dans l’extrême pauvreté et la misère. Comment ne pas comprendre que cette situation nourrit un ressentiment et une haine envers l’Occident ?

Notre système accable les pays pauvres, il crée, entretient et amplifie la misère. Les institutions internationales comme le FMI, la Banque mondiale et l’OMC, l’imposent partout et créent misère et désordres là où elles sont censées améliorer la situation. Pour s’en convaincre, il suffit de lire « La grande désillusion » de Joseph E. Stiglitz, prix Nobel d’économie et ancien sous-directeur de la Banque mondiale (ed. Fayard). Un exemple : pousser les pays pauvres aux cultures d’exportation entraîne la perte des cultures vivrières, la déstructuration sociale et, à terme, la misère. Nous fixons les prix, nous leur vendons « en échange » nos excédents agricoles, produits à grands renforts de subventions. Cette alimentation n’est pas adaptée à leur physiologie et il leur faut acheter le nécessaire qu’ils produisaient naguère.

Notre système économique est en outre le principal responsable des désastres écologiques actuels. Produire, vendre, transporter, consommer… tout et n’importe quoi, pourvu qu’il y ait de l’argent qui s’échange, du profit qui se crée. Peu importe les pollutions engendrées, les extinctions d’espèces (200 chaque jour)… et notre avenir commun, de plus en plus incertain !

Avec le terrorisme, l’Occident récolte ce qu’il a semé et continue de semer. Que tous ces événements nous fassent comprendre l’impérieuse nécessité de modifier nos attitudes ! Commençons par prendre conscience des croyances profondes qui nous ont poussés à cet accaparement planétaire : « il n’y en a pas assez pour tout le monde », « il faut lutter pour vivre », « l’homme doit se battre contre la nature » et plus fondamentalement : « les humains appartiennent à un ordre de l’existant qui est séparé du reste du monde vivant ». Tous les experts sont d’accord : il y en a maintenant assez pour tout le monde, les progrès techniques nous ont donné les moyens de couvrir largement les besoins de l’humanité. Nous n’avons tout simplement pas encore décidé de partager équitablement nos richesses communes.

Geneviève Lebouteux
2003